Potosi -150 000 habitants - ville minière
Sucre - 250 000 habitants - ville bourgeoise
Nos 2 premières grandes villes de Bolivie, séparées par quelques vallées, mais avec des ambiances différentes. Une autre Bolivie. Nous y avons passé du temps, à la fois pour se reposer mais aussi parce qu'il y avait beaucoup de choses à y faire!
Un trajet en trait d'union
En seulement 159km entre les 2 villes, nous sommes passés de 4000m d'altitude à "seulement" 2800m. On a retrouvé plus de chaleur, les champs sont prêts pour la nouvelle saison, ici le printemps est déjà arrivé :
Alors que nous fêtions notre 17 000ème km en partant de Potosi, nous avons failli ne pas arriver à Sucre : un "bloqueo" empêchait toute circulation. Notre salut vint de nouveau de notre moyen de transport : alors que voitures, bus et camions sont à l'arrêt, nous pouvons passer avec nos vélos! Il faut juste, en général, discuter pendant 10min parce que les grèvistes sont vraiment intrigués par notre voyage et veulent tout savoir!
La route en sortant de Potosi est une partie de plaisir : une longue descente, avec un fort vent dans le dos. Nous atteignons même un record : 74km/h ! Même pas peur et toujours casqués...
Sur le trajet, nous croisons 2 cyclistes, une Française et un Japonais, partis ensemble depuis la Guyane (notre objectif!), mais eux ont d'abord traversés l'Amazonie en bateau et ont ensuite continué au Brésil avant d'arriver là!
L'arrivée à Sucre est intimidante. Les bâtiments sont magnifiquement conservés, la place principale est grandiose, et on trouve même quelques boutiques de chocolat (luxueuses!). Du coup, pour des cyclistes sortant de 2 jours de vélo, un peu sales, la ville paraît peu accueillante...
Et pourtant, comme d'habitude, on se trouve un hôtel sympa, on prend nos marques et on se sent comme chez nous au bout de 2 jours!
On aura passé 3 jours à Potosi et 7 jours à Sucre!
Similitudes...
Tout d'abord, on aura profité de ces quelques jours pour se reposer. Eh oui, entre Uyuni et Potosi, même si les paysages et le parcours étaient grandioses, nous n'avions pas pris une journée pour nous. Du coup, ces 2 grandes villes nous tendaient les bras.
En nous baladant à Potosi et Sucre, nous avons été surpris par tous les défilés et les fêtes que nous avons croisés. Il y en a pour toutes les occasions : vierge de Guadalupe, jour de l'étudiant, lutte contre la corruptiom, et pleins d'autres dont on ne saura pas l'objet. La ville est animée, de jour comme de nuit, et même (surtout?) en semaine.
Les marchés fixes ou temporaires nous redonnent du baume au coeur. On trouve de tout, on se perd dans les ruelles, on finit par s'asseoir grignotter une sorte de beignet avec une boisson visqueuse et sucrée au maïs et on repart arpenter tous les étals de couleur. On trouve de quoi manger le midi pour pas cher et il y a même un patio de stands de fruits frais à Sucre : on se mangera une grande coupe de fruits à la crème et au yaourt! C'est un vrai plaisir de se balader là-dedans. Sauf quand on cherche quelque chose de précis...
En faisant le bilan des 1 an, on s'est rendu compte qu'on n'était pas allé au cinéma depuis notre départ de France. Alors, à Potosi et Sucre, on s'est fait quelques séances : White House Down, Les stagiaires, Les Millers une famille en herbe. Pas forcement les meilleurs films, mais le fait de retrouver une vie culturelle nous rappelle de bons souvenirs! Et peut-être aussi de grignotter du pop-corn avec un Fanta...
Les 2 villes ont un riche passé colonial. Potosi a été la plus grande mine d'argent au monde, quasiment le centre du monde du XVIème au XVIIIème siècle. Le musée de la Casa de la Moneda nous a plongé dans la fabrication des pièces d'argent, source de la puissance de l'Espagne. Les riches familles de Potosi envoyaient également leur 2ème fille au couvent, donnaient l'équivalent d'une dot au Vatican et pouvaient même payer une chapelle privée à leur malheureuse progéniture. La visite quasi-privée du couvent de Santa Teresa a été un bon complément d'explications à la vie "quotidienne" de la haute bourgeoisie de Potosi et des Carmélites. Sucre a profité des richesses de Potosi et aussi de son climat plus clément. De nombreux bâtiments, surtout à Sucre, racontent l'histoire de ces richesses, entre églises, couvents, universités et lieux de gouvernement. Et ces 2 villes s'apprécient vues des toits :
Une différence de taille
Potosi continue d'exploiter ses mines, mais les richesses ne sont plus au rendez-vous. Sucre fait étalage de tous ses monuments, tous repeints en blanc, immaculés. Et arbore son statut de Capitale Constitutionnelle! En effet, l'indépendance a été déclarée à Sucre en 1825 qui est devenue la capitale. Mais le pouvoir s'est installé à La Paz, suite au boom économique, et la ville est devenue capitale de fait!
Bonus sucrés
Si nous somme restés autant de jours à Sucre, c'est que nous avons profité des alentours.
Tout d'abord à Tarabuco. Ce petit village accueille chaque dimanche un marché traditionnel. On s'attendait à un grand marché-bazar-orgie-beignet, mais le nombre de stands est limité et ce qui accroche l'oeil ce sont les multitudes de couleurs, de tissus et les habits des indigènes, différents selon leur région d'origine. Mais la Bolivie est un pays de progrès et les tissus ne sont plus faits en majorité dans la région, ils sont fabriqués dans des usines à Cochabamba, La Paz, Santa Cruz (voire peut-être ailleurs? on ne saura pas...). Restent la tradition, les couleurs et les motifs qui nous émerveillent!
Enfin, nous avons gardé le meilleur pour la fin. Pendant 3 jours, nous sommes partis randonner dans le "cratère" de Maragua.
1ère étape : y aller (plus d'infos pratiques ici)
Déjà, simplement pour y aller, c'est une galère : peu d'infos sur les transports en communs, la route est en travaux et n'ouvre en journée que de 12h à 13h. En plus, dans les villages à l'intérieur du cratère, il n'y a paraît-il pas d'eau potable et pas de nourriture (mais comment les gens font-ils pour vivre???) et seul le Quechua serait parlé. Il faudrait donc passer par une agence... mais...
Nous avons le temps et on aime bien les choses difficiles! Alors, nous prenons pas mal de renseignements, de la nourriture et notre filtre à eau, au cas où. Après nous être perdus en bus dans Sucre, nous arrivons à la gare routière pour Maragua. En fait, c'est un terrain vague où stationne un camion. Nous sommes en avance, nous montons, il y a déjà quelques personnes et le camion va se remplir petit à petit jusqu'à être plein. En attendant le départ, différents marchands ambulants proposent leurs produits : verres de gélatine (ça fait un carton ici!), fromages frais, couvertures, hamburgers, cartes de téléphone... Ca défile, ça achète, ça marche!
Evidemment, pas de siège dans le camion. On se met debout ou on s'assoit sur son baluchon, son sac de patates ou par terre, voire on se met en équilibre sur le rebord de la paroi. L'important est d'être à l'aise car le trajet dure 2 heures. On part enfin. Et on s'arrête déjà! Oui, la route est en travaux, on patiente donc une bonne demi-heure au barrage qu'elle ouvre de nouveau. Et rebelotte avec des marchands ambulants, mais cette fois avec des sachets de pommes de terre cuites à l'eau avec des oeufs ("papa con huevoooos"), ou des glaces, ou des hamburgers, et même des brouettes de repas. Mais vraiment. Des dames se baladent avec leur brouette, avec des casseroles dedans, des assiettes, des couverts... et vous servent un repas! La Bolivie est paraît-il un pays pauvre, mais la Bolivie ne meurt pas de faim!
On est reparti. Et cette fois pour de bon. Avec en prime un billet pour le Salaire de la Peur : on roule dans un camion branlant sur une piste à flanc de montagne, où on ne peut croiser personne, on est balotté dans tous les sens et on espère juste arriver en un seul morceau en haut!
Nous nous arrêtons au sommet, nous payons notre dû (60 centimes d'euros chacun...) et laissons le camion repartir vers la descente, toute aussi vertigineuse que ce qu'on vient de monter...
2ème étape : la rando
Cette fois, plus d'émotions fortes. Bon, on a bien commencé par ne pas trouver un sentier vers des peintures rupestres, mais on a abandonné le projet pour se diriger vers le chemin Inca. Et quel chemin! Une descente de 600m, sur un chemin empierré serpentant le long de la montagne. Magnifique!
On se trouve un bivouac au fond de la vallée, et le lendemain, on arrive enfin au "cratère" : c'est une formation rocheuse dont l'origine n'est pas unamine, certains y voient un cratère de volcan, d'autres un plateau dont les bords ont été élévées et déformées par les montagnes autour. Nous, on voit surtout des couleurs superbes, des terres fertiles et des formes de pétales de fleurs entourées de montagnes gigantesques.
Nous nous baladons la journée dans le cratère, c'est d'ailleurs un jour férié local, un curé de Sucre s'est déplacé pour une cérémonie de la vierge de la Merced ainsi que pour une bénédiction d'église en construction (autant tout faire une fois, c'est trop compliqué d'arriver jusque-là...). On se retrouve à discuter (en espagnol, hein, pas en quechua...) devant l'église de Maragua avec Gonzalo ayant travaillé comme chauffeur routier à Barcelone. On continue notre chemin pour découvrir la Gorge du diable et sa haute cascade. On n'est pas vraiment rassuré au bord de la falaise...
En fin de journée, on monte sur l'un des "pétales" du cratère et on installe notre bivouac. On s'est éloigné du village et on a de la chance : depuis que le curé est parti, la vraie fête a commencé, la musique à fond ne s'arrêtera pas de la nuit... Tout en haut, le spectacle du coucher de soleil puis du lever de soleil le lendemain est magique. Rien que pour nous.
Notre dernier jour de rando est court : en 1h30, nous rejoignons le village de Quila-Quila pour notre...
3ème étape : le retour
De nouveau, un camion. Mais cette fois on sait comment ça marche! Pas de bol, lorsqu'il arrive, il a déjà fait le plein dans les villages précédents, on se retrouve encore debout. Alors qu'à l'aller, nous avions eu un peu d'asphalte, le retour se fait uniquement par de la piste. Ca monte sévèrement (et doucement) et ça descend vertigineusement (et encore plus doucement). Plusieurs fois. Au bout de 2h30 et un début de mal au coeur, on arrive enfin à Sucre! Une douche, un poulet-frites bien gras et un matelas moelleux sont une belle récompense de ces 3 jours...
L'album complet est dispònible au lien suivant :
Et les vélos alors?
Oui, ça faisait un moment qu'on les avait laissés en plan à l'hôtel. Bibou a quand même réparé une crevaison (un petit bout de fer, qu'il devait traîner depuis au moins Potosi...), mais cette fois on va les solliciter un peu plus. Nous continuons notre route vers Cochabamba, on ne prévoit pas de faire de longues pauses et ensuite nous nous dirigerons simplement vers La Paz, l'autre capitale du pays!