Nous partons d'El Chalten émus. C'est le moment des adieux...
Il nous faut tout d'abord dire au revoir à Florencia et Mario qui nous ont accueillis pendant 5 jours. Nous aurons profité de ce temps pour discuter, pour cuisiner et pour espérer les croiser de nouveau, mais cette fois lorsque ce seront eux qui voyageront!
Nous disons également au revoir à Yuri, notre coéquipière de randonnée, avec qui nous avons fait du TenteSurfing (brevet à déposer...), qui repart vers le Sud alors que nous continuons vers le Nord.
Nous disons enfin au revoir au bitume, à l'asphalte et autres routes bétonnées... Ce sont plus de 500 km de piste qui nous attendent!
Une matinée électrique... Mais l'envie de poursuivre et de découvrir ce qui se cache derrière l'horizon prend le dessus!
Il ne faut que quelques kilomètres pour commencer à apprécier le trajet : une première cascade, des montagnes tout autour de nous et une vue grandiose sur le mont Fitz Roy que nous avions pu approcher en randonnée :
En fin de journée, nous nous reposons au soleil en attendant de traverser le Lago del Desierto en bateau. Nous retournons un peu en avance vers nos vélos et découvrons avec surprise que les horaires ont changé (merci l'office de tourisme...) ! Mais comme nous sommes toujours chanceux, le bateau nous a attendu alors qu'il aurait dû partir 10 min avant, et pour cause : nous ne sommes que 2 touristes à traverser ce soir!
La traversée est magnifique, nous nous approchons d'une cascade et faisons un stop pendant 10 min. Un pêcheur qui a embarqué avec nous tente sa chance! Mais il n'y aura pas de poisson à manger ce soir...
A l'arrivée, nous bivouaquons sur le terrain de la Gendarmeria, au point de départ du sentier qui nous permettra de traverser la frontière vers le Chili. Et le lendemain, nous nous retrouvons dans une situation peu confortable...
Bon, on nous avait prévenu, on savait à quoi s'attendre et comme tous les autres cyclistes passent par là et y arrivent, on se doutait qu'on y arriverait aussi.. Mais c'est quand même un soulagement d'arriver à la borne frontière entre le sentier argentin et la piste chilienne!
La descente vers l'autre versant se passe sans problème. La vue sur le Lago O'Higgins est impressionnante :
Et ce qui devait arriver arriva : à la douane chilienne, nous rattrapons Anne-Sophie, la monocycliste 'timbrée'! Elle était parti un peu plus tôt d'El Chalten, sans que nous puissions prendre de
photos d'elle sur son mono. Mais cette fois, on ne peut pas la louper et on reste médusés par son mode de transport...
Nous devons ensuite traverser un second lac, et le bateau ne passe qu'une fois par semaine, il ne faut pas le louper! La traversée dure plus de temps, et la compagnie privée qui le gère se fait plaisir sur les prix... Mais (encore la chance??), sur le quai, un bateau de transport livre du foin pour les chevaux des Carabineros. Dès que leur travail est terminé, ils nous proposent de nous emmener de l'autre côté du lac. On paie moins cher, eux complètent leur salaire, tout le monde s'y retrouve... Bizarrement, ils ne livrent qu'une fois par mois, mais ils sont sur le quai 1 heure avant le bateau 'officiel'! En tout cas, ça nous arrange bien...
Nous arrivons enfin à Villa O'Higgins, au Chili. Ce petit village se trouve au bout de la Carretera Austral, une route qui serpente entre les montagnes et qui va nous permettre de remonter vers
le Nord. Mais, pour le moment, nous restons à Villa O'Higgins quelques jours. La saison touristique se termine, c'est le début de l'automne ici. On a l'impression d'être au bout du monde. Notre
camping est écolo, mais pas juste pour l'argument commercial. Mauricio, le gerant de l´Eco-Camp, nous fait un petit topo sur les solutions trouvees : toilettes sèches, panneaux solaires
pour l'électricité, recyclage maison du plastique pour en faire des briques isolantes, cuisine au poêle à bois, qui sert également à chauffer l'eau des douches!
Pendant ces quelques jours, nous nous faisons également plaisir niveau cuisine : pizza, pain maison, pancakes... Même Anne-Sophie que nous avons rejoint au camping s'y met :
Si nous avons voulu rester quelques jours, c'était en parti pour se reposer, mais également pour pofiter des randonnées autour du village. Nous grimpons tout d'abord à un point de vue sur la
vallée, au-dessus du village. La vue est magnifique, et encore une fois, nous sommes seuls pour en profiter :
Nous profitons d'une journée maussade pour se faire une petite balade en forêt. Et ici aussi, en automne, les champignons pulullent. Mais nous ne sommes pas connaisseurs, nous ne testerons
rien... Enfin, nous faisons une longue randonnée vers un glacier. Mais sur la fin, le sentier a disparu sous un effondrement de rochers. Nous préférons rebrousser chemin, même si le glacier ne
semble plus très loin... Heureusement, la randonnée en forêt, le long de la rivière dans la vallée est superbe!
Après une dernière randonnée près du village, nous partons de Villa O'Higgins en début d'après-midi. Le temps se couvre et nous finissons sous la pluie jusqu'à un refuge. C'est à l'abri de la
pluie et auprès du feu que nous nous réchauffons pour la nuit.
Le lendemain, le temps s'améliore. Nous roulons sous le soleil et découvrons le paysage alentour : montagnes, glaciers au sommet, forêts et cascades...
Sur le chemin, nous croisons 4 Français à vélo dans l'autre sens. Ils nous indiquent les horaires du bac que nous pensons prendre le lendemain. Finalement, malgré 2 petits cols, comme la piste
est plutôt roulante, nous avançons bien. Sans en discuter, la même idée nous traverse l'esprit : en se pressant un peu, nous pourrions prendre le bac le soir même! Après une véritable course
poursuite, nous arrivons avec quelques minutes de retard... Mais le personnel du bateau nous a vu arriver de loin et nous attend! Nous traversons donc le fjord avec un peu d'avance :
Après avoir dormi chez les militaires (!!!), nous entamons la montée d'un col à 400m d'altitude. A priori, rien de bien insurmontable. Mais certaines portions font entre 15 et 20% de pente! On a
l'impression que nos poumons et notre coeur vont exploser... Décidément, on se croit sportif et on est remis à notre place très rapidement! Heureusement, après le col, nous apercevons l'autre
vallée, entre brumes et montagnes :
Après 23 km de piste en très mauvais état (à se demander s'ils n'ont juste pas oublié de la construire...), nous arrivons à Caleta Tortel, petit village en bord de fjord qui, jusqu'en 2003,
n'était accessible que par voie maritime! Nous retrouvons là-bas Anne-Sophie (encore!) et nous nous baladons l'après-midi sur les passerelles sur pilotis :
Avant de partir, nous trouvons quelques sentiers de randonnées qui nous donnent des points de vue magnifiques sur le village, le fjord et les montagnes autour :
Nous continuons ensuite notre route vers le nord. On nous avait indiqué une rivière réputée pour la pêche. Alors Tetef était vraiment motivé pour attraper notre futur repas. Ayant loupé ladite
rivière, nous nous arrêtons le midi près d'une autre rivière pour tenter notre chance :
Mais un automobiliste s'arrête sur le pont et nous dit qu'il n'y a pas de poissons dans cette rivière! Au moins on n'aura pas trop attendu pour le découvrir...
Nous faisons ensuite un petit détour pour nous arrêter 2 nuits dans un camping au fond d'une vallée. L'endroit est magnifique mais est en sursis : un projet de barrage hydroéléctrique doit recouvrir le terrain sous 20 mètres d'eau... En attendant, nous profitons de la cuisine avec le poêle à bois (encore!) pour faire notre pain (encore!!).
Au petit matin (bon, ok, vers 10h...), nous partons en randonnée : la brume recouvre encore la vallée et l'ambiance est étrange :
Nous arrivons au pied de la chute d'eau, petite en hauteur, mais puissante en débit :
De là, nous continuons jusqu'à un sentier creusé dans la falaise à pic, qui permettait de conduire le bétail jusqu'au port maritime lorsqu'il n'existait pas de route :
Le site de la chute d'eau est précisément l'endroit où est prévu le barrage. De notre point de vue de touristes, ce serait un véritable gachis pour la nature environnante, nous privant de ces sites naturels exceptionnels... Tout n'est pas encore décidé et une partie de la population se bat contre ce projet. Patagonia sin represas!
Après cette petite pause, nous reprenons la route (la piste!) et découvrons la chute de Mellizos, véritable faille dans laquelle se déverse la rivière avec en toile de fond les montagnes et les
glaciers :
Nous arrivons enfin à Cochrane, première 'vraie' ville depuis que nous avons quitté El Chalten. Nous refaisons le plein de nourriture. Nous nous faisons même un resto avec Anne-Sophie (oui,
encore elle...). Nous sommes hébergés chez Camilo, qui reçoit également son frère et sa mère. Nous cuisinons et passons une bonne soirée à discuter tous ensemble.
Cette journée de repos aura été la bienvenue. 1 : parce la piste n'était pas simple pour arriver à Cochrane. 2 : parce qu'on ne savait pas encore que la suite serait un véritable calvaire...
Nous reprenons donc la route. Nous savons qu'il y a beaucoup de dénivelé, mais il fait beau et les paysages sont magnifiques, surtout dès que l'on grimpe un peu :
Mais en fin de journée, après avoir parcouru 50km et 1000m de dénivelé, nous sommes épuisés... Nous ne nous atarderons pas sur ce camping qui voulait nous faire payer un emplacement alors qu'il
n'y avait aucun service (pas de toilettes, pas de douche, pas de salle pour s'abriter, eau potable à prendre dans le lac...). Résultat : nous bivouaquons à 200m de là avec les mêmes services
(rien), mais gratuit! Nous nous trouvons à la source du Rio Baker, plus long fleuve du Chili, mais seulement de 200km... Nous avions vu son embouchure à Caleta Tortel, et nous avons longé ses
eaux turquoises depuis quelques jours :
Le lendemain est encore une journée difficile. Nous nous levons sous la pluie, il fait très froid. Il a d'ailleurs neigé sur les sommets, et ça rajoute une nouvelle couleur à celles de l'automne
:
Nous avions peur du froid dans le sud, c'est pour cela que nous avions pris l'avion depuis Buenos Aires. Mais depuis quelques semaines, l'automne transforme les paysages, et nous sommes contents d'être présents pour cette saison!
Nous longeons le Lago Carrera, plus grand du Chili. Mais les berges sont escarpées et la route monte, puis descend, puis monte beaucoup, et redescend... En fin de journée, nous aurons grimpé
1200m. Heureusement, nous arrivons à Puerto Rio Tranquillo, petit village tranquille où nous pouvons faire des courses pour agrémenter nos repas. Nous y restons 2 nuits et nous faisons une
excursion en bateau. Ce jour-là sur le lac, il y a beucoup de vent, nous sommes ballotés dans tous les sens, et le mode 'tape-cul' nous rappelle nos kilomètres en vélo sur les pistes
chiliennes... Au bout de l'excursion, nous arrivons tout d'abord à des cavernes de marbre, creusés par le ressac :
Et nous découvrons ensuite la 'cathédrale' et la 'chapelle' de marbre, comme posées sur des colonnes au milieu du lac :
Cette excursion nous a récompensé pour les efforts fournis jusque-là...
La suite du trajet est plus simple : après quelques kilomètres avec beaucoup de dénivelé, nous arrivons dans une vallée, qui monte tranquillement. En haut du col, nous trouvons une cabane abandonnée : nous montons la tente à l'intérieur (c'est pas très propre) et nous faisons un feu à l'extérieur qui nous réchauffe toute la soirée.
La presque-descente (sauf 2 petits cols...) vers Villa Cerro Castillo est stoppée net par un événement majeur pour nous :
Encore un cap de franchi, et pourtant nous continuons de regarder vers l'avant, en particulier parce que la portion de piste que nous suivons depuis Villa O'Higgins prend fin! Nous retrouvons la route bétonnée puis l'asphalte à partir de Villa Cerro Castillo... Youpi!!!
Au village, nous ne restons qu'une nuit au camping (on a quand même le temps de faire des pancakes et du pain...). Et le lendemain, nous attaquons notre premier vrai col : après 15km de montée (la "côte du diable", elle porte bien son nom...), nous arrivons à 1100m d'altitude, hauteur que nous n'avions plus connu depuis le plateau de Brasilia, voilà 8000km!
Dans la descente, nous croisons 3 Français à vélo (encore!) qui vont vers le Sud : Elie, Florent et Alexis. Nous mangeons ensemble et nous prenons le temps de raconter nos voyages respectifs.
Pour une fois, ce ne sera pas une rencontre en coup de vent!
En fin d'après-midi, le temps se couvre et le vent se lève, droit sur nous. Nous trouvons rapidement un bivouac et allumons un feu pour se réchauffer. A peine est-on rentré dans la tente qu'il commence à pleuvoir. La pluie nous accompagnera presque jusqu'à Coyhaique le lendemain. Avec le vent et une température de 5°C, nous sommes contents d'avoir nos gants de ski achetés à Ushuaia...
Cette fin de parcours nous laisse un peu sur notre faim : les nuages ne nous ont laissé entrapercevoir qu'une partie du paysage qu'on devine magnifique. Avec un peu de chance, nous en profiterons dans les jours qui viennent!
En tout cas, après 655 km de piste depuis El Chalten, nos vélos tiennent plutôt le coup : nous n'aurons eu qu'une vis perdue (Tetef), une chambre air déchirée (Bibou, à cause d'un nid de poule et
sur la partie asphaltée en plus!!), et un maillon de chaîne cassé (Bibou, c'est toujours lui qui inaugure les nouveaux pépins...) :
Rien de bien insurmontable, et ça nous laisse confiant pour la suite du trajet. Pour l'instant, on continue vers le nord, direction Futaleufu (essayez de le prononcer vous aussi!) et nous devrions repasser en Argentine pour quelques jours après ça!
L'album photo complet (difficile de faire un tri limite des photos...) est disponible sur le lien suivant : 69 - El Chalten - Coyhaique