Oui, La Paz n'est pas la capitale constitutionelle du pays, mais elle concentre tous les pouvoirs et est devenue la capitale de fait. Nous voici donc dans notre 6ème capitale depuis le début de notre voyage!
Sur le plateau, à l'arrivée, nous découvrons l'étendue de la ville, coincée dans une vallée, qui a l'air de déborder sur les flancs de montagne autour. Elle ne semble pas si tentaculaire, elle ne semble pas insurmontable vue d'en-haut.
Alors, on se décide à descendre. Mais ce n'est pas l'euphorie : tout ce qu'on descend, on devra le remonter pour sortir de la ville. Après 500m de dénivelé en descente, on arrive très vite dans le centre ville.
A peine le temps de tester la circulation folle de La Paz et nous débarquons dans un lieu un peu spécial, un havre de paix pour les cyclistes : la casa de ciclista ("maison de cyclistes") de Cristian. C'est un appartement en plein centre ville, laissé à disposition des cyclotouristes de passage. Et nous sommes nombreux : pendant notre séjour, il y aura toujours au moins 7 personnes. L'appartement est rythmé par les allées et venues, par les soirées à discuter et partager les repas.
Le week-end, Cristian nous invite dans son "vrai" appartement, et pour le remercier de cette hospitalité, nous préparons un boeuf bourguignon avec des patates sautées, et, comme dirait l'oncle Ben, c'est toujours un succès!
Maintenant, il est temps de visiter la ville : les musées, les restos, les marchés, les fêtes dans la rue... C'est un concentré de la Bolivie que nous avons traversée.
Et pourtant, on sent une vraie différence, il y a une population plus européenne, le niveau de vie est plus élevé, il y a des restaurants de luxe ou des chaînes. L'offre est beaucoup plus large, tout est disponible ici, si on sait bien chercher.
Au terme d'une balade, on grimpe sur un mirador donnant une vue à 360° sur la ville. C'est une véritable mer de toits que nous surplombons, avec la montagne Illimani en fond:
Et comme dans beaucoup de capitales, on se déplace en transport en commun. Mais ici, pas de train, de métro ou de RER, il y a uniquemet une multitude de taxis collectifs, à 15 centimes d'euros le trajet, qui peut nous permettre d'aller d'un bout à l'autre de la ville. La conduite est sportive, dangereuse, irrespectueuse, créative ou hasardeuse. Le piéton court pour traverser et s'excuse presque lorsqu'une voiture lui grille la priorité. Encore une ville pour Satanas et Diabolo. On s'étonne de n'avoir vu qu'un seul petit accrochage... En revanche, question rapidité, il vaut mieux éviter les heures de pointe!
Il est temps de s'éloigner de la ville. Et pour ça, La Paz offre beaucoup de possibilités, à seulement quelques kilomètres du centre. Nous partons donc en randonnées pendant 3 jours, dans les Yungas, région tampon entre l'Altiplano et l'Amazonie. Après nous être fait déposé en bus à 4 600m, nous continuons à monter à pied jusqu'à plus de 4 800m. Nous sommes dans les nuages, le paysage ne se découvre que de temps en temps, nous sommes suivis par une silhouette colorée, qui fait ce trajet également parce qu'il n'y a pas de route pour accéder aux villages de l'autre côté du col.
Puis on entame la descente. Pendant ces 3 jours, nous passerons de 4 800m à 1 000m d'altitude, avec un paysage évoluant d'une roche nue et froide à la forêt tropicale et la chaleur étouffante.
Et peut-être que le plus impressionnant est cette vallée que nous avons suivie, quasiement coupée du monde, à seulement 50km de La Paz. Seul ce sentier relie les villages, et nous profitons du calme, des paysages grandioses et d'une végétation luxuriante.
Les bananes, les fraises et les avocats n'étaient pas encore mûrs pour qu'on puisse les ramasser, mais nous avons trouvé un citronnier pour agrémenter le repas. Tout le long du chemin, nous sommes entourées de fleurs qui ne poussent pas sur l'Altiplano, quel changement!
Au bout du sentier, nous retrouvons la route et retournons vers La Paz en car, mais dans la cabine du chauffeur, comme il n'y a plus de places!
Cette incursion vers les Yungas nous aura donné un autre aperçu de la Bolivie. Si on avait du temps, on continuerait à découvrir cette région, mais il nous faut continuer. Cependant, il y a un dernier détail à régler avant de partir : nous attendons de nouveaux pneus, envoyés depuis la France, mais ils ne sont toujours pas arrivés.
Nous entamons alors ce que nous pouvons appeler le "syndrome de Buenos Aires", sorte d'état fébrile oú aucune solution ne nous convient vraiment : comme nous ne savons pas exactement quand ils arriveront et que nous ne voulons pas attendre ici pour rien, nous changeons nos plans et nous cherchons des solutions. Le temps perdu à La Poste bolivienne nous empêche d'aller à Tiwanaku, site archéologique à quelques kilomètres de La Paz. Nous changeons de nouveau nos plans : nous décidons de partir pour une semaine au Pérou, visiter Arequipa et randonner dans le cañon de Colca. Nous partons tôt le matin et découvrons à la gare de bus de La Paz (très tranquille...) qu'il y a un "bloqueo" sur les hauteurs de la ville et qu'aucun bus ne peut sortir! Les "bloqueos" nous avaient bien arrangés à Villazon et Potosi, là on se retrouve coincés. Nous devons de nouveau changer nos plans...
Mais cette fois, peut-être que la chance nous sourit : Tetef repasse à La Poste et apprend que le colis est arrivé dans leurs locaux! Mais encore un peu de patience : le lendemain, entre tous les papiers administratifs, les problemes de nom, de signature et les droits de douane, nous repassons 2 heures à La Poste bolivienne pour enfin récupérer nos nouveaux pneus!!
En tout cas, malgré ou grâce à toutes ces péripérités, nos vélos se joignent à nous pour remercier très très chaleureusement, voire avec un peu d'émotion, Nolive en France et Eveline à La Paz pour cet envoi qui va nous permettre de continuer sereinement notre voyage. Les stats de crevaisons devraient enfin chuter!
Maintenant, direction le lac Titicaca, côté bolivien. Puis nous entrerons enfin au Pérou, vers les grands sites incas et touristiques. Des lieux pleins d'imaginaire, une nouvelle étape dans notre voyage.